Kotori Admin/master créatrice
Nombre de messages : 352 Age : 33 Localisation : Cannes (06) - France Date d'inscription : 21/10/2006
| Sujet: Histoire et vos impressions... Ven 15 Déc - 9:09 | |
| Editeur : Square Enix (Japon), Ubisoft Développeur : Square Enix (Kingdom Team) Support : PlayStation 2 Genre : Action RPG Dates de sortie : - Japon : 22 décembre 2005 - Amérique du Nord : 28 mars 2006 - Europe : 28 septembre 2006
L'histoire de Kingdom Hearts II ne prend pas exactement la suite de son prédécesseur. Entre les deux, il y a eu Chain of Memories, mais tout le monde n'y a bien sûr pas joué. Cet épisode intermédiaire introduit pourtant plusieurs nouveaux personnages et des pans entiers du scénario qu'on découvre l'air un peu ahuri en se lançant dans le deuxième opus sur PlayStation 2. Exactement comme on avait raté quelque chose. C'est un peu dommage. Kingdom Hearts II commence de manière inhabituelle, par une sorte de prologue qui nous plonge dans un monde encore jamais vu (sauf si vous avez joué à Chain of Memories...) avec des personnages dont nous n'avions jamais fait la rencontre. Et peu à peu les choses se profilent, le mystère s'intensifie tout en guidant le joueur vers la vérité. Un début de jeu aussi brillant ne peut qu'être salué tant il met en place une atmosphère de grande qualité. Peut-être que certains accuseront le choc en reprenant en main Sora, Donald et Dingo. Pourtant, ils forgent ensemble la vraie aventure. Le scénario du jeu, écrit d'ailleurs par un Kazushige Nojima toujours aussi émerveillant, part de ce prologue haletant pour nous impatienter jusqu'au somptueux final. Au passage, on replonge dans l'univers Disney, parfois familier (car vu dans le premier épisode) et parfois inédit et surprenant. Là où les mondes du premier étaient classiques, ceux du deuxième sont parfois très étonnants, notamment en terme de qualité graphique et esthétique.
Ce que Kingdom Hearts II reprend de son prédécesseur ? Globalement, le meilleur. La plupart des choses désagréables ont été gommées. La caméra est enfin contrôlable avec le joystick droit (c'est désormais une norme...), ce qui permet un contrôle beaucoup plus agréable. L'angle de vue est d'ailleurs plus éloigné de Sora, pour une vision plus vaste de l'action. Les phases en gummi sont toujours présentes mais ont été radicalement transformées. Cette fois-ci, c'est très dynamique et sympathique à jouer, notamment dans les tracés où la vitesse est affolante et où la musique joue la carte du rock. Très défoulant ! Le gameplay horripilant du niveau de La Petite sirène n'a pas été spécialement amélioré, mais désormais ce niveau ne demande plus que des talents de musiciens, ce qui est bien plus amusant. De plus, Kingdom Hearts II reprend certains mondes du premier, cinq au total. Mais ils ont été soit entièrement refaits, soit complétés par de nouveaux décors. Les autres mondes sont inédits et parfois très surprenants. Comme pour celui de Winnie l'ourson, certains sont accessibles via un autre, ce qui créé une expérience moins "linéaire" (c'est vite dit). En parlant de ça, Kingdom Hearts II est sans doute plus linéaire que le précédent. Les zones sont généralement petites et les passages d'un décor à un autre se font parfois via des ellipses peu réalistes. C'est vrai, l'aventure est hautement cinématique, et c'est bien pour ça que le jeu est déconseillé à ceux qui n'ont pas joué au premier ainsi qu'à ceux qui n'aiment ni Disney ni Final Fantasy, auquel cas ils ne peuvent pas adhérer à ce perpétuel plaisir de (re)découverte.
Graphiquement, le jeu est plus qu'impeccable. Il suffit de voir l'un des mondes évoqués ci-dessus, à savoir celui inspiré par Pirates des Caraïbes, pour comprendre que sous-estimer la PlayStation 2 est une grave erreur. Autant les personnages que les décors sont impressionnants techniquement et artistiquement : pour les personnages de Disney, on croirait parfois regarder les dessins animés originaux. Certaines scènes du monde de Mulan ont toute la finesse et la qualité de mise en scène de l'œuvre de départ. C'est sans compter la partie typiquement Square Enix du jeu, puisque les personnages de Final Fantasy ne sont que plus resplendissants avec leurs nouveaux attributs en 3D (et ce même pour de vieilles connaissances inattendues et pourtant revisitées par Nomura), tandis que les différents mondes ont un style graphique admirable. On peut être juste charmé par le prologue et par la nouvelle version de la Forteresse Oubliée, mais quelle baffe quand on touche aux derniers instants, qui ne peuvent nous inspirer qu'une seule et unique pensée : le prochain jeu de cette équipe est un certain Final Fantasy Versus XIII, une nouvelle brique sur l'édifice déjà géant de l'esthétique à la Nomura à couper le souffle est sur le point d'être posée. Bien sûr, je précise encore une fois qu'il faut y adhérer, car c'est vrai qu'il est peut-être allé un peu loin par rapport aux ambitions basiques du jeu. Mais c'est un peu comme le premier Kingdom Hearts : tout au long de l'aventure, Disney s'est imposé. Et puis, alors que la fin arrive, c'est toute la puissance émotionnelle à laquelle Square nous a habitué qui éclate avec une force redoutable. C'est ce qui fait aussi que Kingdom Hearts II n'est pas un jeu pour les enfants.
Le scénario est admirable du début à la fin. Forcément, et je l'ai déjà dit, c'est Kazushige Nojima qui l'a signé. Même s'il n'a pas grand-chose à voir avec ceux des Final Fantasy, il n'en reste pas moins fascinant. Le premier Kingdom Hearts était déjà une belle ode à l'amitié, mais le deuxième repousse encore plus loin cette notion qui peut, quand elle est bien maniée, émouvoir facilement. Le fait qu'il y a eu une autre aventure avant celle-ci aide beaucoup à la montée en puissance de l'histoire. En parallèle, l'horizon d'attente des joueurs ne peut qu'être grand. On ne sait pas vraiment si Kingdom Hearts II est une fin ou un début (vous verrez ça en le finissant) mais on s'attend quand même à la conclusion grandiose d'une histoire restée inachevée dans le premier épisode. On a évidemment hâte que des retrouvailles tant attendues se produisent. En terme de plaisir ressenti, le contrat a été parfaitement rempli et n'est pas endommagé ni par les passages dans les mondes Disney, qui s'accordent bien de l'intrigue principale, ni par un faux paroxysme aux deux tiers de l'aventure. Finalement, avoir droit à deux paroxysmes, c'est un sacré luxe, et je m'engage à ce que vous soyez encore plus époustouflé par le second que par le premier. Et ce n'est pas comme si c'était Star Ocean: Till the End of Time, il y a une histoire consistante entre les deux moments de bonheur intense. Le reste est une merveille de cohérence qui lève enfin le voile sur les mystères laissés par les scénarios du premier épisode et de Chain of Memories, et on ne soupçonnait pas qu'ils étaient aussi importants.
En ce qui concerne les personnages qui constituent l'aventure, et Dieu sait s'ils sont nombreux, il n'y a rien de plus à dire qu'avec le premier épisode. On s'est déjà bien attaché (ou non) à Sora, Donald et Dingo. Les deux derniers n'ont pas changé et continuent à occuper les mêmes rôles, pour le plaisir du joueur. Sora a sans doute un peu mûri (en tout cas, il a grandi) mais il n'est pas aussi intéressant que le protagoniste du prologue, et c'est bien dommage car il lui apporte une profondeur étonnante. C'est que le prologue est construit de manière impeccable et fait ressortir les bons sentiments aux bons moments. Les nouveaux personnages apportés (ou plutôt développés) par l'histoire ont beaucoup de charisme, en particulier les treize méchants, même s'ils ont tous été chez le même coiffeur. Après, tout dépend de la qualité de leurs doublages. La version américaine est impeccable sur ce point, elle se paie même les talents de Christopher Lee pour l'un des protagonistes les plus importants. Mais bien entendu, la version française est en français... Il n'y a pas de secret : ce test est écrit à partir de la version américaine, donc je ne peux pas vous dire ce qu'il en est des voix françaises. Si elles sont du même niveau que celles du premier Kingdom Hearts, cependant, je pense qu'il n'y a pas de souci à se faire. Surtout si ce sont les mêmes doubleurs que dans les films pour les personnages de Disney. Ces derniers, en tout cas, ne réservent pas de surprises : ils sont animés à la perfection et restent très fidèles aux œuvres originales.
Le système de jeu de Kingdom Hearts II est bien plus plaisant que celui du premier. Comme déjà mentionné, la caméra a été revisitée et est maintenant plus maniable. A partir de là, les combats (qui constituent au moins 80% des phases jouables) gagnent en intensité et offrent un plaisir incomparable. Là où le jeu fait le plus fort, c'est au cours des affrontements contre les boss. Au lieu de se battre comme au cours des échauffourées normales, les développeurs ont placé un système de réaction qui permet, en appuyant sur triangle quand un signal visuel apparaît à l'écran, de déclencher des actions inédites en relation avec les spécificités du boss, du décor ou des alliés. Et alors là, place au grand spectacle ! La mise en scène est vertigineuse. Cela dit, ces réactions sont parfois présentes au cours des batailles normales. Elles sont moins impressionnantes, mais tout aussi efficaces pour battre les ennemis plus facilement (notamment les Rondouillards... eh oui, ils sont de retour !). A certains moments, on lâche totalement la partie gauche de la manette pour enchaîner les boutons croix et triangle avec les deux mains. Sora fait le reste. En tout cas, en ce qui concerne les boss, ces nouvelles techniques permettent de les rendre encore plus mémorables, surtout quand on touche (encore une fois) au paroxysme du bijou. Vous avez trouvé intenses les derniers combats du premier ? Attendez de voir ceux du second ! Sans oublier, bien sûr, une séquence plus tôt dans l'aventure qui, autant en terme de scénario que de jeu, tourne à l'exultation.
Dans chaque niveau, à l'instar du premier Kingdom Hearts, un personnage spécifique au monde dans lequel on se trouve peut être ajouté à l'équipe. Cela n'apportait pas grand-chose dans le premier. Mais dans le second, il est justement possible d'obtenir une réaction spéciale (avec triangle) lorsque ce personnage (par exemple, Aladdin ou Jack Skellington) est dans l'équipe, ce qui entraîne encore une fois une séquence où les pauvres ennemis en voient de toutes les couleurs. Véritablement, Kingdom Hearts II est un jeu spectaculaire qui n'hésite pas à nous en mettre plein la vue à chaque niveau ! Et ce n'est pas fini. Un système de limite a été mis en place et permet à Sora de fusionner avec l'un de ses compagnons (voire avec les deux) pour devenir une bête de combat armée de deux Keyblades ou capable de lancer une rafale de sorts magiques, le tout avec une rapidité de super héros. Etre un super héros, c'est l'impression qui domine. Et ça n'a rien de désagréable, bien au contraire. Au niveau de la difficulté, le mode normal n'a rien d'insurmontable mais il convient quand même, pour certains boss, de recommencer plusieurs fois avant d'acquérir la bonne technique, c'est-à-dire bien gérer les phases d'attaques normales avec celles des réactions. L'intelligence artificielle de Donald et Dingo n'a pas vraiment progressée depuis le premier Kingdom Hearts : ils consomment toujours rapidement les objets qu'on leur donne. L'avantage, c'est qu'un nouveau système permet de recharger automatiquement les objets sans avoir à passer par le menu.
Comme déjà mentionné, le jeu n'offre pas grand-chose en dehors de ses combats. Les niveaux sont généralement de taille réduite (c'est le prix à payer pour leur excellence graphique, même s'il y en a qui sont très vastes) et formés de couloirs dans lequel le concept d'exploration est réduit à son niveau le plus bas : on avance, on avance, on avance (c'est une évidence). Mais on a largement assez d'essence pour faire la route dans l'autre sens si besoin est, pour dénicher à chaque fois un joli lot de Sans-cœurs divers et variés, et ainsi booster ses caractéristiques via un système de compétences identique à celui du premier épisode. Evidemment, Kingdom Hearts II ne devrait pas plaire à ceux qui ne jurent que par la liberté d'action. On se mettrait presque à paniquer quand on nous demande, alors qu'on pilote le gummi, de choisir une destination. Néanmoins, pour le plaisir que procurent les affrontements et l'émotion offerte par le scénario, c'est un jeu qui vaut largement le coup.
Il était difficile de passer à côté des musiques du premier Kingdom Hearts. C'est que la compositrice, Yôko Shimomura, a toujours donné à ses jeux des musiques de qualité : Street Fighter II, Super Mario RPG, Parasite Eve, Legend of Mana et j'en passe. L'identité de Kingdom Hearts venait de ces mélodies tantôt rythmées, tantôt majestueuses et mystérieuses à la fois, à grand renfort de chœurs aux moments les plus intenses. La même recette a été employée pour le deuxième volet, et c'est normal : Yôko Shimomura est toujours aux commandes. Encore une fois, elle nous sert des mélodies originales et mémorables quasiment immédiatement. Le thème de combat de la Cité du Crépuscule au cours du prologue, reprise de Chain of Memories, en est le meilleur exemple. Cette ligne directrice, au dynamisme toujours redoutable, se retrouve dans tous les thèmes de combat et de boss. Evidemment, quand l'aventure touche à sa fin, les envolées se font de plus en plus merveilleuses et apportent un style ténébreux, glacé, mystique, héroïque. Un chaos ponctué de notes de piano, de harpe, d'orgue et de chœurs. Une symphonie irréprochable à la hauteur de l'excellence visuelle et émotionnelle du titre. Quelques reprises notables du premier épisode viennent agrémenter le plaisir tout en nous plaçant en terrain connu, ne serait-ce que sur l'écran titre avec la douce "Dearly Beloved".
La chanson thème est écrite et interprétée par Utada Hikaru, comme pour le premier. Seulement, là où "Simple and Clean" avait tout d'un simple morceau de Jpop, "Sanctuary" est une chanson posée, douce et un peu mélancolique, surtout dans la version qu'on a le bonheur d'entendre lors du générique de fin. Vraiment, la chanteuse a su trouver le style parfait pour définir, avec juste une chanson, le ton général de l'aventure. La version qu'on entend au début est plus dynamique mais garde ce voile un peu mystérieux, avec un rythme inhabituel et les paroles étranges qui reviennent tout au long de la chanson. A la fin, la planante "Sanctuary -after the battle-" esquisse un bonheur simple et apaisant. On est rarement aussi marqué par une chanson dans un jeu vidéo, même si les compositeurs de Square Enix ont presque toujours eu bon goût. En plus du chef-d'œuvre d'Utada Hikaru, le jeu propose quelques chansons fort puériles lors du passage à Atlantica, mais l'esprit Disney est présent dès la première note même si c'est Yôko Shimomura qui se cache derrière les nouvelles mélodies. Elle est très polyvalente, et c'est ce qui fait son génie.
En tout cas, Kingdom Hearts II n'est pas une petite histoire toute gentille, c'est un déchaînement d'émotions fortes, de puissance à l'état pur et de dépassement des limites. Il est rempli de bons sentiments qui façonnent une douce histoire d'amitié et de lutte contre le mal. Ici, c'est le cœur, et donc l'émotion, qui est à la base de la lumière. | |
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